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Intempéries : la pression sanitaire est intense sur les cultures

Le potentiel de rendement des céréales est localement fortement affecté par les pluies tombées depuis l'automne.

Sur une grande partie du territoire, la pluie a retardé les semis de printemps et favorisé le développement de maladies sur les cultures. Témoignages.

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« Désolante », « décourageante »… Les mots utilisés pour décrire la météo des dernières semaines dressent un tableau assez morose. Presque partout en France, les pluies ont été fréquentes et intenses sur cette période. En conséquence, la pression fongique est forte et généralisée, et ce d’autant que les traitements conseillés n’ont pas toujours pu être réalisés.

La septoriose et la rouille brune s’en mêlent

En blé, la pression de la septoriose est très marquée. « Même avec les fongicides, la dernière feuille est quasiment cuite, indique un opérateur en Bourgogne. On risque d’avoir des défauts de quantité et qualité. » En Picardie, dire que la pression est forte « est un euphémisme », et la rouille brune monte. Même son de cloche dans le Loiret où les fenêtres de traitement ont été peu nombreuses, notamment sur sols hydromorphes.

De « grosses craintes » sont rapportées concernant le rendement. Dans le Lot-et-Garonne, « cette année, c’est la rouille qui a tout bouffé ». Et s’il est encore trop tôt pour évaluer la pression de la fusariose, la question inquiète. Aux environs du Vaucluse, « ce sont plutôt l’enveloppe et les épillets qui sont contaminés. Dans un grand nombre de cas, nous ne sommes pas sûrs que ça aille jusqu’au grain. » Dans cette zone, la pluie est d’ailleurs jugée « assez bénéfique » : si elle a gêné certains traitements à floraison, elle a profité à la levée des cultures de printemps, semées avant les intempéries, et fait économiser des tours d’eau.

Des vulpins et des ray-grass présents en force localement

Les orges d’hiver, plus avancées, sont un peu moins impactées par les maladies. Toutefois, en Lorraine, « on pensait avoir maîtrisé les choses, mais on constate des attaques carabinées de ramulariose, notamment sur les escourgeons brassicoles ». En céréales d’hiver, des pressions fortes de vulpins et de ray-grass sont par ailleurs signalées localement.

Les difficultés de désherbage de l’automne se font sentir, et les rattrapages du printemps n’ont pas été suffisants. « Le vulpin aime l’eau, plus que les céréales », nous rappelle-t-on. Selon l’observatoire Céréobs de FranceAgriMer, au 27 mai 2024, seules 61 % des surfaces de blé tendre, 64 % des blés durs et 64 % des orges d’hiver étaient jugées en conditions « bonnes à très bonnes ». Ce chiffre était un peu plus élevé pour les orges de printemps : 73 %.

En plus de l'eau, les betteraves ont par endroits subi le manque de rayonnement. (©  Isabelle Escoffier)

Les autres cultures ne sont pas épargnées. En pommes de terre, « le mildiou, c’est un carnage : la pression est phénoménale et arrive tôt dans le cycle », souligne un opérateur en Picardie. Les betteraves subissent par ailleurs le manque de rayonnement et tirent vers le jaune. En Bourgogne, les pois d’hiver ont été « balayés par les maladies ».

Le colza, qui a manqué de rayonnement à la floraison et qui a fait « une grande partie de son cycle les pieds dans l’eau » en Picardie, devrait malgré tout s’en sortir. Le sclérotinia est présent, mais l’impact devrait rester limité.

Des semis et ressemis à la peine

Dans les Pays de la Loire, bien que les maladies aient un impact, ce sont surtout les très mauvaises conditions de semis qui marquent la campagne. Dans certaines situations, « les agriculteurs n’ont rien pu semer à l’automne et n’avaient encore rien semé il y a encore quelques jours. Tout ne se ressèmera pas et il y aura des années blanches. »

Il en est de même dans le Lot-et-Garonne, où « c’est la pire année qu’on ait eue pour les semis depuis 35 ans ». Un opérateur du département estime que « ce sont peut-être ceux qui ne vont pas semer qui s’en sortiront le mieux, surtout sur les terres à petit potentiel ». Si certaines régions sont épargnées, nombreuses sont les zones où les semis des cultures de printemps sont à la peine. Au 27 mai 2024 d’après CéréObs, il restait encore 15 % des maïs à implanter, contre 2 % en moyenne ces cinq dernières années.

Et les parcelles semées ont souvent subi d’importants dégâts, favorisés par des conditions peu poussantes. « Entre les limaces et les oiseaux, on ne voit pas beaucoup de beaux champs de tournesol », estime un opérateur en Bourgogne. Il estime que « près de la moitié des parcelles ont été ressemées ». La pression des limaces, qualifiée d’« énorme » ou d’« impressionnante », est souvent signalée. En Lorraine, ceux qui ont anticipé le risque « s’en sortent correctement ».

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